Zelda

Rittner

So british

Issue de Londres, Zelda RITTNER a su en quatre ans, imposer un style bien à elle, teinté d’une élégance dont seuls les Britanniques ont le secret. Sa voix mélodieuse et suave mêle le glamour au professionnalisme, à la perfection.
De plus, elle est parfaitement bilingue, et gagne à être connue.
Découvrez d'où elle vient et où elle va.

INTERVIEW

Bonjour Zelda, peux-tu nous expliquer comment tu es devenue comédienne voix-off ?

J’ai un parcours assez atypique : À la base je viens du monde du cirque, j’ai étudié au Z.A.C.A. (Zippo’s Academy of Circus Arts of London: ndlr).
J’ai commencé assez jeune en Angleterre en tant que trapéziste et j’ai fait de la corde lisse, des tissus, et du double trapèze aussi.
Un jour j’ai dû arrêter et passer à autre chose, faire ce qui était en fait mon rêve depuis petite : Devenir comédienne.
J’ignore comment ça m’est venu mais j’avais ça en moi, ça me fascinait et c’était comme une évidence.
J’ai donc intégré une école de danse, chant et théâtre, et là je me suis éclatée !
J’ai adoré apprendre et lorsque tu baignes en tant qu’étudiant, dans un environnement comme celui-ci, tu as tout à ta disposition pour expérimenter et t’épanouir en toute liberté. Tu peux tout essayer, chose que tu ne peux plus faire par la suite quand tu deviens professionnel.
Et on avait aussi des cours de voix-off, donc j’ai pris conscience de l’importance de la voix, la respiration et la diction.

Toujours à Londres ?

Non, la vie a fait que je suis venue en France.
J’ai fait une école de théâtre et quelques petits boulots pour subvenir à mes besoins et j’ai commencé à exercer en tant que comédienne avec l’avantage d’être bilingue (Zelda est franco-britannique: ndlr). J’ai donc pu jouer sur différents projets, sans aucune prétention de devenir un jour une star parce que ce n’est pas ce qui est important. Tout les comédiens ne peuvent prétendre à une renommée internationale et il faut de la place pour les autres rôles aussi.

Ton expérience à l’école du cirque a t-elle aidée ton accès à la voix-off ?

L’école du crique ça a été l’école de la vie. Ça t’apprend à ne pas baisser les bras et a avoir confiance en toi. Ça m’a forgé un mental de gymnaste avec toujours ce goût de l’effort et une certaine gestion du trac.
Mais en tant que comédien, quand tu montes sur scène, sur un plateau ou tout simplement en voix-off, tu abordes toujours quelque-chose de différent. Au cirque lorsque tu fais ton spectacle durant des mois, ton numéro reste le même. Et tu finis par le maitriser de A à Z. Et tu ne laisses aucune place à l’imprévu.
La voix-off était déjà présente dans mon training de comédienne; j’avais un super prof de voix qui faisait des shows radio pour la BBC.

Et une fois en France, on me disait souvent « Pourquoi tu ne fais pas de voix ? Toi qui es anglaise, tu devrais faire du doublage ». Je ne voyais vraiment pas quel rapport il pouvait y avoir entre le doublage et le fait que je sois anglaise.
Et puis finalement au bout de quelques années, j’ai décidé de faire un stage de doublage au « Magasin », avec Jean Barney et Vincent Violette, comme intervenants. Et en fait, je me suis éclatée !
Avec le doublage, j’ai redécouvert un outil, mis à la disposition d’autres comédiens (d’acteurs: ndlr).
Parce que tu prêtes ta voix au jeu de quelqu’un d’autre. C’est technique, c’est un peu angoissant dans les débuts et c’est super fun car tu ne sais jamais ce qui t’attend.
Et c’est la même chose en voix-off, dans la pub, où tu as une vague idée de ce que tu va faire, mais sans connaitre vraiment le contenu.
Suite à ce stage, j’ai fait comme tout le monde, j’ai enregistré une démo avec les moyens du bord et puis j’ai commencé à démarcher les studios de production.
J’ai fini par démarrer, d’abord beaucoup en anglais, ce qui était pour moi un avantage et puis on a pris conscience que je pouvais, aussi faire du français.
J’ai donc continué à envoyer mes démos aux agences de voix-off et au début c’est un peu difficile parce que tout le monde ne te dit pas ce qu’il faut faire. À l’issue de mon stage, j’ai surtout travaillé en voix-off pub ou en film institutionnel, et pas forcément en doublage.
Donc j’ai été là où le vent me portait. Je n’ai pas essayé de lutter contre quoique ce soit.
Puis j’ai envoyé ma démo à Michèle Marshall, chez Voices. Quelques semaines plus tard, elle m’appelle et elle me dit : « J’ai une option pour toi sur une pub ».
L’option se confirme et je me retrouve à enregistrer sur la pub.
La veille, Michèle m’appelle en me demandant: « au fait, Zelda, tu as déjà fait des pubs n'est-ce pas ? ». Et là, moi qui ne suis pas menteuse, j’ai souri et je lui ai répondu : « Et bien, non. Mais ne t’inquiète pas Michèle, ça va très bien se passer ».
Le lendemain je me rends en studio en tremblant comme une feuille, je ne connaissais personne, ni le studio, ni les clients sur place. C’est un milieu particulier, une autre pression, une autre dynamique.

Et pour la première fois que tu es confrontée à la notion de client.
Et ce client est présent, en studio, juste en face de toi…

Et il y avait du monde pour venir écouter et juger mon travail. Il y avait un agent qui m’a fait confiance en me proposant sur ce projet,  je ne voulais pas le décevoir; je me demandais si j’allais réussir à comprendre la demande du client.
Pour cette pub, on enregistrait deux versions, une en français et une en anglais.
Il y avait beaucoup de texte à faire tenir en 20 secondes. C’était presque un cauchemar (rire), mais ça s’est bien passé.

Tu étais pourtant habituée à lire beaucoup plus de texte…

Oui, mais c’était pour moi un nouvel exercice. Je voulais vraiment réussir parce que j’estime que lorsque que tu fais appel à quelqu’un, tu souhaites que cette personne face un super boulot et puis tu es payé pour ce travail.
C’était un gros challenge et je voulais le relever pour le client et pour Michèle qui m’avait fait confiance, et pour moi.
Ensuite je me suis retrouvée seule en pause avec le comédien voix-off masculin qui me demande « ça va ? » et je lui réponds « je t’avoue que je suis un peu stressée. C’est la première fois que je fais ça ». Il m’a regardé et il m’a dit « ne t’inquiète pas, ça va bien se passer ». Effectivement, ça s ‘est très bien passé. J’ai fait ce que le client a demandé, tout le monde était content, moi j’étais ravie.

Heureusement, il y a eu de la complicité entre vous.

Avec le comédien voix-off, l’ingénieur du son qui était top et le directeur de plateau qui me faisait un petit clin d’oeil qui voulait dire « ne t’inquiète pas » et ça me rassurait.

Donc en voix c’est ton trio magique est comédien - ingé-son - chef de projet ?

C’est super important parce que tu peux presque faire abstraction de tout ce qui est dit et t’en remettre juste au directeur de plateau ou à l’ingé-son.
Et en un regard tu sais si la demande est raisonnable ou pas.
C’est rassurant, et quelque part tu travailles au sein d’une équipe.
Et ce sont aussi des personnes qui vont faire que ta voix sonne, en faisant tout le travail derrière car toi tu n’est qu’un maillon de la chaîne.
Certains vont travailler sur l’image, d’autre la musique, toi tu viens poser ta voix et enfin il y a une personne qui va mixer tout ça et faire en sorte que ta voix soit jolie, et que tout soit cohérent par rapport à demande initiale, c’est vraiment important.

Parfois il faut traduire aux comédiens des demandes particulières...

Exactement, par exemple, une fois on m’a demandé de mettre de la magie dans un mot. J’ai répondu « mais évidemment ! » (rire).
J’aime beaucoup ce travail parce que, étant comédienne, quand tu es là en tant que voix-off, tu n’es pas choisie pour ton physique, ta taille ou ton look.

C’est vrai qu’en voix-off on fait abstraction des critères physiques.

Complètement, et ça, quand tu as travaillé dans l’image, c’est hyper reposant de se dire que j’ai été choisie parce que j’ai le bon timbre de voix, ou la bonne dynamique pour bien représenter le produit en question, ou aussi parce que je suis bilingue. En tout cas c’est un vrai critère technico-artistique, c’est plus objectif.
Donc tu peux venir faire une séance même si tu as un bouton sur le nez, c’est agréable non ?

Qu’est-ce que tu aimes en particulier, dans l’exercice du métier de voix-off ?

Ce que j’aime c’est que chaque journée est différente et que tu vas vraiment à l’aventure quand tu vas bosser. Malgré ma courte expérience, j’arrive quand-même à sortir des choses à mon niveau. Ce que j’apprécie aussi ce sont les gens sympas que l’on rencontre, des gens qui te permettent d’avancer comme ici chez Sonacom !

Et en même temps du as déjà du vécu et un petit bout de carrière d’artiste…

J’ai un autre parcours qui m’apporte d’autres qualités.

À part mettre de la magie dans les mots, as-tu d’autres projets ?

Déjà j’aimerais continuer à faire ce que je fais, j’aimerais faire plus de pub et de films institutionnels, et surtout du doublage depuis que je m’y suis un peu frottée.
C’est un exercice particulier avec une autre technique et là tu ne peux t’entrainer que lorsque tu es en situation alors tu as intérêt à être efficace.

Il faut accepter de faire du « sitting » (dans le jargon du doublage, ça signifie assister au séances: ndlr) et aussi de commencer par faire des ambiances.

Oui et c’est le jeu. Et puis il y a une notion d’offre et de demande, car il y a moins de rôles pour les femmes que pour les hommes. Dans la mesure où il y a de la concurrence féminine, il faut donner de son temps et faire preuve de patience.

C’est plus simple quand tu as un parrain ou une maraine qui te prend sous son ailes, comme ça a été le cas pour beaucoup…

Oui et c’est peut-être plus long sans, c’est vrai.
Effectivement, quand tu as quelqu’un qui te dis « viens assister à une séance », c’est un super cadeau qu’on te fait.
Mais en tout cas c’est ce vers quoi je veux évoluer. Il n’y a pas si longtemps, j’ai eu la chance de doubler le personnage principal d’une fiction institutionnelle sur 12 épisodes de 20 minutes et ça m’a plu. J’en veux encore !

Aujourd’hui en séance, es-tu sûre de toi ?

Je ne suis ni arrogante ni prétentieuse, mais je ne viens pas avec la boule au ventre. J’aime arriver en avance, ça me donne du temps pour me poser, prendre un petit café, rencontrer l’ingénieur du son et tous les interlocuteurs, pour parler du projet et avoir des indications. Puis je me mets dans ma petite bulle à moi et je me chauffe la voix. Si tu as la boule au ventre, tu ne fais rien de bon.
Et surtout je me dis « Zelda, n’oublie pas de te lâcher » parce que c’est dommage de quitter une séance avec des regrets et ça, ça m’est arrivé au début quand j’apprenais.
J’apprends toujours, car je n’ai que 4 ans d’expérience, donc je suis toute nouvelle, mais aujourd’hui, je donne tout, et si c’est trop, on en enlève un peu !
Il ne faut pas se laisser guider par la crainte d’être ridicule. On est un outil à disposition du client, donc il faut donner au client ce qu’il veut et tout ce dont on est capable.
Et pour ça, il faut se lâcher, un point c’est tout.

Ça permet ensuite d’apprivoiser sa propre voix.

Et puis il ne faut pas avoir peur de se laisser diriger. Certains ont plus de mal que d’autres…

C’est important d’être à l’écoute. C’est un échange. Il faut bien comprendre ce qu’on te demande, mais en général le directeur de plateau choisit les bons mots.
Quand je suis arrivée chez SONACOM, c’est Michèle Marshall, chez VOICES qui m’avait proposée sur un produit par le biais d’Alexa Millot, et la première fois que je suis venue ici, c’était un tout nouveau studio pour moi j’étais super contente. On m’a donc accueillie avec le sourire et Alexa m’a dit « on se fait la bise, parce qu’ici, tu verras, c’est la famille ». Et c’est vrai.
Je bosse depuis peu avec vous, mais c’est vrai qu’on est toujours dans une ambiance familiale.
Et à chaque fois que je viens chez SONACOM c’est toujours un grand plaisir, parce que je sais d’avance que je vais passer un bon moment.

Une petite anecdote sur un souvenir de séance ?

C’était un film interne, pour une banque qui fêtait ses 20 ans. Le film était joli et émouvant. On remerciait tout ceux qui y avaient participé ainsi que les personnes qui avaient contribué à réaliser les objectifs. Il y avait le directeur de plateau, l’ingénieur du son et quatre autres personnes. On enregistrait en anglais, sauf que la marque était française.
Et personne n’était capable de me dire comment prononcer le nom de la marque en anglais.
Donc, je propose des choses et au bout d’un moment, un client prend son Blackberry, appelle le boss et lui fait entendre les enregistrements en collant son téléphone à l’enceinte.
Et au bout du fil on entend quelqu’un qui se met à hurler sur tout le monde. J’étais morte de rire. Personne n’osait dire à cette personne qu’elle était sur haut-parleur.
Figure-toi que six mois plus tard Michèle me rappelle et m’annonce que j’allais travailler à nouveau pour cette même marque. J’ai cru qu’elle plaisantait.
À la séance, je vois les mêmes personnes que la fois précédentes, et je demande discrètement au directeur de plateau s’il se souvenait de ce qui c’était passé. Et il me répond que oui et qu’ils veulent absolument que ce soit moi.
Comme quoi, parfois une situation que tu crois désespérée, peux finalement s’avérer plutôt positive. Mais ça prouve aussi qu’une validation par téléphone, c’est à éviter.

Si tu avais le choix entre une place d’animatrice pour une émission télévisuelle et un rôle à doubler à la voix, que choisirais-tu ?

Le doublage.
Je suis trop spontanée pour passer à la télé, il me manque quelque filtres et je me ferais virer assez vite (rire).
Je préfère rester dans l’ombre. C’est plus confortable.