Roxanne

Frias

La voix laisse une trace dans le temps.

Roxanne FRIAS est une journaliste américaine diplômée de la prestigieuse Université de Stanford. Elle est également réalisatrice et documentariste.
Sa voix et son accent, lorsqu’elle s’exprime en français est le fil rouge de sa belle et riche carrière, qu’elle a aussi passée en studio, derrière un micro comme comédienne voix-off bilingue. Rencontre avec un talent international.

INTERVIEW

Ton parcours est très original pour une comédienne voix-off. Raconte-nous tes débuts !

Je suis née à Los Angeles, mon père est mexicain et ma mère d’origine française.
J’ai étudié le cinéma à l’université de Stanford et je suis venue à Paris en 85 pour réaliser mon film de maîtrise. J’avais vingt ans et je suis resté pour y vivre..
En effet, au delà de l’attraction que la ville exerçait sur moi, à travers les films, il y avait ici de réelles opportunités pour faire des documentaires et des reportages grâce à une offre médiatique large, et l’existence de chaînes publiques et de créneaux dédiés à cela. Puis j’ai eu la chance d’être choisie pour co-présenter ‘Les enfants du rock’ avec Antoine De Caunes. Contre toute attente, mon accent américain n’a pas été un problème mais plutôt un atout ! J’ai enchaîné avec Culture Pub sur M6, Culture Rock, et sur Planète, France 5, des radios FM… Donc c’est vraiment à partir de cette époque que j’ai commencé à utiliser ma voix en français et en anglais pour faire des commentaires et de la présentation. Comme je me concentrais sur l’apprentissage de la langue et que je suis devenue adulte en France, mon accent est resté, lorsque je parle en français.

Donc, tu as commencé a utiliser ta voix sur tout ce que tu faisais en fait ?

En fait, comme tu le sais, j’ai plusieurs casquettes : Je suis réalisatrice de films et de documentaires, je fais de la présentation en télé et radio, j’enseigne les médias à Paris pour des élèves de l’Université de Stanford, et je fais aussi des voix-off (d’ailleurs je remercie Sonacom!). En fait la voix c’est très important, c’est un outil qui me permet de travailler vite, d’être efficace et de donner vie à mes projets. Ce qui est nouveau pour moi c’est de mettre cet outil au service des autres, et ne plus avoir le contrôle des choses. Quand je suis bookée pour ma voix, il y a un client et un réalisateur, et moi j’aime avoir confiance en ces deux personnes, car qui mieux qu’elles savent ce qui est bon pour leur projet ?

Et qu’en est-il du jeu devant le micro ?

Je ne suis pas comédienne à proprement parler, mais je connais la caméra et surtout j’ai l’habitude de faire passer des messages à un large public. Donc j’arrive assez facilement à me mettre dans la peau du personnage qu’on me demande d’être, que ce soit en anglais ou en français. Après tout il s’agit surtout de savoir comment raconter une histoire, et ça je sais le faire !
Je pense que le métier de comédienne voix-off requiert de nombreuses qualités personnelles, mais il nécessite surtout de collaborer avec des professionnels en studio. C’est un travail qui ne fonctionne qu’avec une bonne équipe, chez Sonacom par exemple, j’enregistre des voix-off depuis 87, et d’ailleurs c’est ici que tout a commencé avec des messages téléphoniques et des documentaires.

Ta voix est facilement reconnaissable. Pour autant on t’entend depuis des années. C’est quoi ton secret pour durer ?

On ne m’entend pas trop j’espère ! (rires)
Je ne sais pas, mais cela m’arrive souvent qu’un chauffeur de taxi ou que quelqu’un derrière un guichet me dise : ‘Mais.. je connais votre voix !’ C’est drôle !!!
En fonction de leur âge, j’essaie de deviner là où ils m’ont entendu, oui j’ai bien dit ENTENDU, parce que c’est ça qui est étonnant : Les gens se souviennent plus de ma voix que de moi alors qu’ils m’ont peut-être vu à la télévision. Ça prouve que la voix laisse une trace dans le temps, et qu’elle a son existence propre. Pour répondre à ta question, je te dirai que je reste la plus naturelle et la plus professionnelle possible. Qu’on m’entende dans différents contextes et que je fasse des voix-off en anglais et français, c’est peut-être tout cela qui fait qu’on ne se lasse pas de m’entendre.

Ta pire et ta meilleure séance voix-off ?

Le pires ont été toutes les séances difficiles du début, parce que je me sentais nulle à l’issue des enregistrements. Je ne savais pas si on était vraiment satisfait de ma voix. Moi, je ne me suis jamais découragée, j’ai décidé d’aller de l’avant et de devenir meilleure; travailler ma technique, ma respiration, mes intentions..
Pour les jolis souvenirs, je me souviens d’un documentaire sur la vie de Jane Birkin, dans lequel j’ai été choisie pour faire les commentaires.

On parle de ton accent ? Un atout ou une barrière dans ta carrière ?

Je sois avouer que j’ai une bonne étoile, et j’ai eu la chance de croiser des gens qui ont eu du culot et assez confiance en moi pour me donner l’accès au micro à une époque où parler français avec un fort accent dans les médias et la pub n’était pas du tout évident! Je ne les remercierai jamais assez et ils se reconnaîtront.
Par exemple dans les années 90 dans Culture Pub, on me laissait écrire mes textes et faire les commentaires que je voulais. Personne ne m’imposait un texte qui ne me convenait pas. En revanche, comme je devais tout faire moi même, les enregistrements étaient super compliqués: Il fallait bien écrire en français et bien prononcer les mots. C’était compliqué pour moi, je doutais énormément. Je ne me suis pas découragée car les téléspectateurs et la chaîne ne me lâchaient pas: Tout le monde me comprenait bien. C’était gagné, je pouvais continuer.

Quels sont tes projets ? Au micro et ailleurs ?

Je suis comblée professionnellement, je ne souhaite que de continuer à faire tout ce que je fais aujourd’hui encore dix ans ou vingt ans ! Actuellement je réalise un documentaire sur la démographie latine aux Etats-unis, un phénomène qui est en train de modifier tout le pays, et je me dis aussi pourquoi pas retourner à mes premiers amours et faire du cinéma dans les prochaines années ?