Explique-nous un peu ton parcours, ce qui a amené à la voix off.

Déjà c'est très gentil. Merci pour ces trois mots et tant mieux parce que c'est clair que j'essaie d'être positive, au maximum dans tout ce que je fais. Donc si ça se dégage, tant mieux pour moi.
Je viens d’abord du chant, j'ai commencé à chanter très très jeune. J'ai fait une école de comédie musicale à New York et après j'ai intégré d’autres comédies musicales.

J'ai aussi fait de l'acting, du jeu, de la danse. Et après, j'ai aussi formé mon propre groupe et je suis chanteuse actuellement dans ce groupe. En parallèle, je m'intéressais aux voix parce que figure toi que c'était un copain qui a un studio, qui m'a demandé des voix off en anglais et je n'en avais jamais fait. J’en ai fait pour lui et il m'a dit « mais franchement, tu devrais creuser un peu ».

Ça te plait ?

Ça me plaisait beaucoup. Donc j'ai fait quelques stages de français  en France, ce qui est bizarre parce que je fais des voix, surtout en anglais on va dire et mais c'était quand même hyper intéressant et ça m'a hyper plu. Et du coup voilà, j'ai fait une démo et j'ai commencé à démarcher. Et après voilà, j'ai eu quelques trucs au début et après de plus en plus.

Et voilà, c'est comme ça. Je trouve que c'est un super travail pour la voix comme pour le chant. C’est très complémentaire.

Je précise que tu es américaine en plus

Oui, je suis américaine.

Sonacom : Et que tu t’exprimes super bien en français, tu pourrais presque faire des voix off en français.

Robyn : Si quelqu'un cherche un petit accent, oui (rire).

Aujourd’hui tu te sens plus américaine ou française?

Bonne question ! Bonne question. Je pense que je me sens plus française.
Bientôt… C'était en quelle année que je suis venue en France ? C'était en 2002. Donc oui, je devais avoir 22 ans et là, j'ai 44. Donc ça fait vraiment le même temps que j'ai passé aux Etats-Unis qu'en France.

Mais je pense que je me sens plus française. En fait, là, je me sens un peu étrangère quand je rentre aux Etats-Unis. Bizarrement, même si je rentre souvent et même si et j'adore parler anglais, je ne lis qu'en anglais.

Et d'ou vient cette générosité que tu as en toi ?

Ça doit venir de mes parents, j'imagine. Je ne sais pas, je pense. C'est mon éducation. C'est aussi lié à la patience. Je suis quelqu'un de très patiente, peut être pas, enfin je ne sais pas. Je n'ai pas peur de passer du temps à faire quelque chose.

En tout cas, je constate ton professionnalisme et ton efficacité derrière le micro. Peux-tu nous révéler quelle est ta recette pour être toujours au top ?

À ça, je ne sais pas. Il y a une recette, il faut dormir.

L'hygiène. Franchement, il faut dormir. J'ai besoin de sommeil.

Moi, je n'ai pas de routine. J'aime pas la routine. C'est pour ça que je pense que je suis un peu artiste. Mais je sais que si j'ai des voix ou un concert, c'est un peu pareil. Mais parfois, on n'a pas toujours le choix quand on est en tournée. Il me faut au moins 7, 8 h de sommeil, donc il faut que je dorme bien…

Et après le matin, si je peux faire un peu de sport, si j'ai le temps, oui, ça c'est clair que j'adore pour pouvoir bouger un peu, je bois beaucoup d'eau. Et voilà. Non, il n'y a pas, il y a rien de vraiment magique. Il n'y a pas de recette magique, non ?

Tu as fait des comédies musicales qui sont célèbres. Plutôt connues, du Music-Hall international.

Oui, oui, j'ai fait. Surtout, on va dire que j'ai fait Cabaret, qui était aux Folies-Bergère pendant deux ans et s'était mise en scène par Sam Mendes.

C'est vrai que c'est pas rien. Il est venu, je l'ai rencontré, c'était incroyable. Il est venu une semaine pour nous diriger parce qu'il avait d'autres projets de films, je crois à l'époque. Après, c'est vrai que j'ai vécu plein d'expériences incroyables, même avec des chanteurs, pas même en tant que chanteuse. J'ai aussi chanté avec M, pour voir le concert de quelqu'un d'autre. J'ai rencontré plein de monde, mais moi, je prends toujours ça comme un jeu.

Pour moi, c'est pas ça, je ne sais pas. Ouais, je comprends ce que tu veux dire, mais pour moi, c'est toujours c'est des humains. Tout le monde reste humain, tout le monde et ça m'intéresse.

Comment s'est passé le casting justement avant d'intégrer cette comédie musicale?

Je pense que surtout c'était un casting un peu classique. Chants, danses, jeux. Mais surtout pour cabaret, il fallait jouer un instrument. Et moi je joue de la trompette.
Je pense qu'il n'y a pas beaucoup de femmes en France qui chantent, dansent, joue la trompette et la comédie. Donc on va dire que c'est parce que j'ai eu de la chance. Mais il y avait personne en face, (rires), je vais pas dire j'ai pas trop de talent, j'ai pas trop de talent, en fait j’étais la seule (rires).

On parle beaucoup de ChatGPT, on parle des IA. Comment tu vois l'avenir ? Tant pour la voix, que pour l’humain en général…

Je pense qu'il ne faut pas en avoir peur. C’est comme comme tout, il faut s'instruire. Il faut comprendre. Qu'est ce qu'on peut faire ? Peut-être qu’un jour ça va nous dépasser ? C'est sûr, peut-être. Mais après ? Pour l'instant, en tout cas, on maîtrise plus ou moins, je pense, des trucs.

Mais il faut s'adapter. Il faut faire avec, je pense, et il faut, comme pour tout, trouver les moyens de travailler avec. Je pense que tout ce qui est artistique on ne peut jamais remplacer l'humain. En tant que chanteuse, quand on faisait des concerts pendant le covid derrière nos écrans, on faisait des livestream.
Ça n’a juste rien à voir, évidemment. Mais quand on l'a vécu, tu te dis que quand tu es vraiment devant un public il n'y a rien qui peut remplacer ça, cette émotion. Et je pense même pour les voir, même si on se voit pas, c'est pareil. Il y a quand même une émotion, quelque chose qui se dégage, j'espère qu'on ne pourra pas atteindre ça avec des IA.