Philippe

Llado

J'apporte quelque chose d’intéressant avec mon ADN radio

Avec son apparence d'enfant de la balle, Philippe Llado est en réalité "un mordu du micro", une voix off comme on en rencontre peu.

Dès notre première séance, une complicité naturelle s'est installée. Avec Philippe, un simple regard, ou parfois même un seul mot, suffit pour obtenir la prise "qui tue", celle qui met tout le monde K.O. – ou plutôt O.K., selon là où l'on se situe.

Les grandes marques telles que Carrefour, Haribo, Orange, mais aussi Henkel et Samsung l'ont bien compris et sont de plus en plus nombreuses à solliciter ses services, tout comme le monde du sport (Eurosport) et de l'automobile (Audi, Hankook) et de l’info (BFM).

Aussi professionnel qu'attachant, il nous raconte, en toute simplicité, qui il est et où il va.

Rencontre avec l'étoile montante des comédiens à qui on peut demander la lune.

INTERVIEW

Philippe, tu es comédien voix off, mais tout le monde te connaît pour les matinales de Nostalgie. Parle-nous de ta belle carrière radio.

À l’âge de six ans la radio me faisait déjà vibrer. J’écoutais RMC en vacances avec mes parents, je connaissais les jingles et les émissions par cœur, et j’adorais imiter les animateurs comme Patrick Roy, Jean-Pierre Foucault. Il y avait des ondes très positives qui sortaient du transistor. Ça me plaisait énormément.
Un mercredi, lors d’une sortie avec mon père, nous avons visité une station éphémère de la radio RGB à Cergy-Pontoise. On m’a donné l’occasion de parler dans le micro et c’était parti ! L’équipe m’a adopté et à 11 ans j’animais tous les mercredis après-midi pendant 4 heures, et c’est comme ça que j’ai appris à tout faire : caler un disque, maîtriser la technique, parler sur une intro musicale, improviser… j’étais au paradis !
Ensuite j’ai vécu la libération des ondes FM. J’ai eu la chance d’enchaîner sur plusieurs radios franciliennes, toujours bénévolement en parallèle de mon activité d’agent de voyage chez Havas. Radio Latina m’a offert mon premier poste d’animateur professionnel aux commandes de la matinale, et six mois plus tard, Rire et Chansons m’engageait. Pendant 16 ans, j’étais Mr Philippe. Depuis la rentrée 2013, je suis au commande de la matinale de Nostalgie. Tout ça passe si vite...

Tu fais désormais parti de l’association ‘Les voix’. Comment passe-t-on du micro d’animateur à celui de voix off ? Est-ce bien vu par tes collègues qui ne viennent pas de la radio ?

Dans les petites radios tous les animateurs prêtaient leur voix aux publicités pour l’antenne, c’était comme ça.. Pour moi, être animateur, c’est jouer la comédie, mettre des tas de costumes, faire croire qu’on a la pêche quand on est malade, qu’on est heureux quand on est triste, et je me sers de cela aussi pour incarner des personnages dans la voix off pub aujourd’hui. À cela tu ajoutes certains spots ‘porte-bonheur’ qui t’ouvrent des portes, et la transition se fait assez naturellement, surtout que je suis un amoureux inconditionnel de la pub, j’en consomme énormément, elle fait partie de ma vie.
Les directeurs de casting, les agences de pub et les clients ont vu que j’avais quelque chose d’intéressant à apporter avec mon ADN radiophonique, et je respecte la famille des voix off dans laquelle j’entre, donc il n’y a pas de raison que mes collègues ne m’acceptent pas.
Et à la radio je reçois de plus en plus de comédiens derrière le micro, on a des différences mais on a aussi en commun d’avoir la voix comme outil de travail, donc des liens se tissent entre nous.

En terme de voix-off, quel est ton ou tes domaine(s) de prédilection ?

On m’a souvent appelé pour ma rapidité d'exécution et ma précision sur des spots ou des films denses en texte. Les longues séances qui nécessitent de l’endurance me réussissent assez. Enfin, je suis souvent sollicité sur les thèmes de l’automobile, des produits masculins, et du sport comme sur Eurosport pour qui j’enregistre les bandes annonces.
Je suis content qu’on vienne me chercher aussi sur mes valeurs humaines, pour faire des voix narratives, rassurantes et posées, comme sur le spot d’appel aux dons du Téléthon.
J’ai commencé à faire du doublage il y a peu, c’est une toute nouvelle expérience, un nouveau rapport face au micro qu’il faut complètement oublier au profit du personnage à incarner. Je suis en apprentissage, je ne brusque pas les choses, certaines disciplines demandent du temps, c’est comme ça !

La dimension humaine est très importante dans ton métier, pour autant penses-tu qu’il est nécessaire d’être psychologue ?

C’est même primordial ! Il faut être capable de sentir les gens tout en restant à sa place derrière la vitre en cabine, mais en même temps parfois la psychologie est une grande alliée quand il s’agit de détendre l’ambiance et surtout anticiper les demandes des différents intervenants. Je sens aussi quand je suis proche de la bonne prise, parce qu’en radio j’ai souvent dirigé des comédiens voix off renommés comme Patrick Poivey. la voix française de Bruce Willis, ou Celine Montsarrat , qui double Julia Roberts. Avoir été de l’autre côté, en studio, est très utile au quotidien, tu connais les pièges à éviter.

Ta pire séance ? Ta meilleure séance ? Une anecdote croustillante ?

Ma pire séance... c’était il y a dix ans ; un gros dossier qui avait très mal commencé, je n’avais su faire preuve ni de souplesse, ni d’humilité, ni de psychologie justement, avec le client. Sans doute une erreur de jeunesse.
Ma voix a tout de même été validée et les enregistrements se sont longtemps prolongés avec ce même client, qui a été très dur avec moi par la suite, me taclant à chaque fois qu’il en avait l’occasion.
À la fin, en repartant avec ma voiture je l'ai aperçu marchant sous la pluie : « je vous raccompagne? » Nous nous sommes présentés nos excuses en nous serrant la main. J’aime quand les choses se finissent bien, et la leçon à tirer de tout ça c’est qu’il faut savoir prendre sur soi, toujours faire des efforts pour satisfaire.
Ma meilleure séance ? C’est cette interview qu’on fait là, à Sonacom, parce que parler de ce métier c’est un plaisir et que de me donner la parole, c’est un honneur.
Une anecdote ? Quand je suis sélectionné sur le finish parmi un très gros casting auquel je ne participais pas au départ. Ça m’est souvent arrivé, notamment sur une campagne Canalsat grâce à Dominique Varda, un agent de comédiens avec qui je collabore souvent.

Quels sont tes projets vocaux ?

Mes projets c'est continuer ! J’ai une latitude d’interprétation devant le micro et j'expérimente des voix off aux styles très variés en fonction des missions qu’on me confie mais le plus important pour moi, est que mes clients me valident une fois et me fassent confiance... toujours !