Mark

Lesser

Notre métier est fait de rencontres, de partage

Mark LESSER, c’est le baroudeur de service. La musique est son moteur. Artiste depuis toujours, il n’est pas tombé dedans... il est né dedans ! Une mère et une soeur chanteuses, deux frères comédiens, ... grâce a sa voix particulièrement jeune et remarquable il fait partie de ces comédiens incontournables dans le milieu du doublage. Toujours de bonne humeur et prêt à rigoler, il est à l’image des acteurs qu’il double au cinéma.

INTERVIEW

Mark, professionnellement, d’où viens-tu ?

Je viens d’une famille d’artistes. Ma mère était chanteuse et comédienne, et mon père était GI (militaire américain: ndlr). Je suis donc, franco-américain. Quand on vivait en Allemagne, dans les bases de l’armée US, ma mère avait un groupe de Rhythm & blues, et j’ai grandit dans cette ambiance de musique, spectacle etc... Quand on est revenu en France, mes parents nous ont inscrits, ma soeur et moi, à « l’école des enfants du spectacle ». J’avais 7 ans. J’ai donc, toujours vécu dans ce milieu.

C’est là que tu as commencé à apprendre ton futur métier ?

Et même plus, parce que c’est là que j’ai commencé à travailler. En fait, il y avait des directeurs de casting qui passaient à l’école et qui faisaient faire des essais aux jeunes élèves. Et c’est grâce à ça que j’ai fait mon premier tournage, ma première pièce de théâtre et mon premier doublage, qui était le chat « Berlioz » dans «Les aristochats». Je devais avoir 7 ou 8 ans.

Depuis, tu as touché à d’autres choses ?

Oui beaucoup, surtout de la musique. Au départ je voulais être musicien et chanteur, donc, j’ai fais beaucoup de musique, j’ai eu plusieurs groupes, concerts tournées etc... J’ai même chanté au états Unis et au Canada. Aujourd’hui je fais surtout du doublage et aussi, je suis directeur artistique sur pas mal de jeux vidéos.

Tu as toujours fais de la musique et de la comédie en même temps ?

En fait j’ai beaucoup travaillé sur la voix, et surtout sur la mienne, et c’est le travail de la voix qui m’a emmené encore plus loin vers le chant, le doublage, les voix-off, etc...

Tu fais du théâtre ?

Ca fais longtemps que je n’ai pas joué sur une scène. J’ai monté plusieurs pièces qui n’ont pas vraiment marché !! J’ai souvent monté mes projets moi même, que ce soit en musique ou en théâtre. C’est mon côté artisan, mais parfois ça marche et parfois ça ne marche pas. Heureusement j’avais toujours le travail de la voix et du doublage pour me sauver.

Être musicien et chanteur te sert au quotidien ? En doublage par exemple...

Moi, je ne fais pas de différence entre tout ça. Je mets ça dans le côté artiste interprète. Pour moi tout est lié. L’oreille est très importante. Le fait que je sois musicien m’aide énormément pour jouer : le rythme, le style du jeu.

Mais tu cherchais à faire du doublage ?

Pas plus que ça ! j’étais déjà très occupé avec la pub, je n’ai donc jamais fait le forcing pour rentrer dans le doublage, où l’on doit consacrer plus de temps à l’enregistrement qu’en pub. Il faut dire aussi que lorsque j’allais enregistrer une pub, on m’attendait, on avait besoin de moi, c’était moi la voix, et ça faisait partie de la reconnaissance que je recherchais. J’avoue que j’ai peut-être à un moment fait un peu la fine bouche vis à vis du doublage; grossière erreur, il y a de belles choses à y jouer! on commence par de petits rôles et on arrive au fur et à mesure à convaincre ceux qui distribuent les rôles de te donner un personnage plus important, mais ça je ne l’ai compris qu’après ;-)

C'est la comédie qui t’as amené vers la musique ou l’inverse ?

Ben ! En réalité, tout a démarré en même temps, même si tout au début je voulais surtout être chanteur. En fait, je suis arrivé à la comédie parce qu’on est venu me chercher, et comme je voyais tout le temps ma mère sur une scène, c’était très normal pour moi de faire de la scène. En réalité, tout ce qui touche au spectacle m’intéresse. J’ai fait du montage, du son, j’ai même été régisseur.

As-tu souvent l’occasion d’utiliser tes talents de chanteur en pub ou au cinéma ?

Oui ! Assez régulièrement. Dans « Timon et Pumbaa » par exemple, on chantait avec Michel Elias. J’ai chanté dans des pubs, la dernière de Saint Marc par exemple ou dans des doublages. J’ai même été choisi pour des rôles parce qu’on savait que je pouvais chanter et que les producteurs en avaient besoin pour des séries ou des films.

Tu as un timbre de voix très particulier, c'est un avantage ?

Ça m’a servi pour certains rôles. Dès qu’il faut faire un ado ou un personnage un peu barré, on pense souvent à moi. Bon, quand on en parle, je me rend compte que j’ai souvent fais des rôles de débiles, de taré ou de psychopathe mais c’est le petit truc que j’apporte en jouant qui fait que ça marche plutôt bien. Pour moi, dans un doublage, il faut mettre une petite pointe de toi qui rend plausible, cette adaptation en langue française dans un film, comme c’est le cas pour Patrick Poivey qui ne joue pas exactement comme Bruce Willis, mais qui a apporté sa touche au personnage en français, et c’est vachement bien ce qu’il fait.

Tu parles beaucoup de musique. Regrettes-tu de ne pas avoir été le chanteur à succès ou de ne pas avoir fait partie d’un groupe qui cartonne ?

Non, je ne regrette pas. Même si j’aurai bien aimé aller un peu plus loin avec les groupes que j’ai eu. Surtout le dernier, mais ça va, ça m’est passé. Avec les années tu relativises, j’aimerais juste avoir le temps d’en faire plus.

Comme moi, le grand public a connu ta voix dans le doublage de Matt Leblanc. Peut-on dire qu’il y a un «avant» et un «après» Friends ?

Oui, car c’était «la» grosse série de l’époque. On a doublé la série de 1994 à 2004 à peu prêt. Et ça nous a tous fait monter d’un cran dans le monde du doublage. Ca m’a aidé à faire d’autres choses et notamment de la pub, et en même temps j’ai commencé à Europe 2. Et donc, ça provoque forcément des rencontres et des opportunités. En plus je profite, encore maintenant, du capital sympathie de «Joe» de la série « Friends ».

Des voix-off, des pubs ?

Des pubs j’en fais, mais pas énormément. Et en même temps, j’ai pas vraiment la voix pour ça, sauf si il y a du jeu, si c’est un dialogue ou un sketch, c’est vrai qu’avec ma voix je ne peux pas vraiment faire les signatures de spots, façon voix grave posée... ce n’est pas pour moi !! Et des voix-off, je commence a en faire. Soit des voix-off ou des narrations pour des sujets qui s’y prêtent, soit des voice-over de reportage étranger.

Tu parles couramment anglais. Tu enregistres en anglais aussi ?

Rarement. Et ça me fait toujours bizarre, même si depuis quelque temps j’en fais de plus en plus. De temps en temps pour MCM, ou des pubs parfois. J’ai fait un peu de doublage, dans l’autre sens (du français vers l’anglais).

Tu te souviens de ta première collaboration avec Sonacom ?

Je ne sais plus exactement mais c’était à l’époque de «Friends». C’était le début ou les voix de doublage commençaient à avoir du succès auprès des clients et des agences, mais je ne pourrai pas dire sur quelle prod. C’était il y a bien longtemps, dans une lointaine galaxie !

Quelques regrets en rapport avec le métier ?

Plutôt des petites choses qui me gênent un peu. On n’a plus le temps de rien. On doit tout faire vite et ça, ça m’embête un peu. Par exemple, même si ça fait un peu « vieux con » de dire ça, mais il y a quelques années, on prenait plus de temps pour faire les choses, et pour certains trucs c’était mieux fait. On prenait le temps de parler, de déjeuner ensemble, avec les gens avec qui on travaillait, aujourd’hui on ne prend même plus le temps de s’asseoir, diner, discuter... notre métier est fait de rencontre, de partage et je trouve parfois, même si c’est l’époque qui veut ça, que c’est un peu dommage et qu’on passe a coté de gens supers!