Qui t’a permis de rentrer dans le monde de la comédie professionnelle ?
Alors dans le quartier le plus pourri de St Etienne où nous vivions, il y avait une institution qui s’appelle la comédie de St Etienne, le premier théâtre décentralisé en France dirigé à l’époque par Jean Dasté, qui avait fait des films comme « Zéro de Conduite », « Boudu sauvé des eaux », qui a aussi joué de petits rôles pour Resnais… Bref, j’y allais énormément. Donc j’ai été influencé par Jean Dasté, et par plein d’autres personnes, pas forcément du milieu d’ailleurs, notamment par des instituteurs qui m’ont donné goût à la lecture.
À 19 ans, j’étais déja ouvert à une forme de pritualité, j’ai donc décidé de faire des études de théologie en Angleterre. À la fin du cursus, j’aurais pu continuer mes études aux Etats-Unis pour devenir pasteur mais ma mère avait de grosses difficultés financières : Elle faisait les marchés et avait ouvert une boutique de prêt-à-porter et j’ai décidé de l’aider un peu.. ça a a duré 15 ans ! Mais je ne m’occupais pas de cette boutique comme un commerçant, j’y faisais des défilés de mode, j’ai fait des affiches de pubs dingues où je posais à poil dans une baignoire remplie de billets, elles étaient visibles sur le parvis de l’hôtel de ville de St Etienne, le tout sans autorisation bien sûr… Mais dans le fond c’était toujours : « Regardez moi, et s’il vous plait marrez vous !! ».
En 81, je participe à la création de radios sur St Etienne suite à l’ouverture des ondes par Mitterand . Rapidement après, il y a eu une préfiguration de la télé par câble dans la ville et j’ai travaillé avec Jean Christophe Bouvay à qui l’on avait confié la réalisation de certaines émissions. Au départ je devais être son assistant, mais il m’a gardé comme présentateur. Et ça c’est enchaîné.
Il n’y a pas eu de rupture, je suis entré dans la comédie sans vraiment m’en rendre compte. Cette expérience où j’ai beaucoup appris a duré deux mois, Jean Christophe Bouvet est remonté sur Paris et il m’a rappelé rapidement pour me proposer de participer à une nouvelle émission diffusée sur TF1 qui s’appelait « Pirates » où je devais me faire passer pour un prêtre et piéger Jean Edern Hallier. Je n’avais que quelques instants pour prendre ma décision et j’ai accepté. Je me suis retrouvé le lendemain dans les studios de Cognac Jay, déguisé en prêtre une bible à la main et je l’ai affronté. Plus l’entretien avançait, plus il me massacrait et moi je marquais des points parce que je restais extrêmement calme et grâce à quelques versets bibliques bien sentis je le culpabilisais et pour se défendre il devenait ridicule. A la fin de l’entretien, il a envoyé un assistant vérifier si j’étais bien un prêtre et, découvrant la supercherie, il m’a invité le soir même à diner car il avait été bluffé. Dans la deuxième émission de « Pirates » j’ai piégé Patrick Sébastien… Quelques jours plus tard, coup de fil du réalisateur Claude Miller qui me dit qu’il à vu le sketch avec Patrick Sébastien, et qu’il y a cru de bout en bout. Il me propose alors un rôle dans le film « La petite voleuse » avec Charlotte Gainsbourg où je dois jouer un vendeur de fringues qui se fait voler. Puis les choses se sont enchaînées et j’ai tourné avec Doillon, Verneuil jusqu’à Luc Besson dans « Adèle Blanc Sec ».