Emma

Darmon

Je suis extrêmement sensible au grain d’une voix qui sort de l’ordinaire

Emma Darmon, la sensibilité faite voix, nous régale depuis un petit bout de temps. Sa maitrise parfaite de la langue de Shakespeare tout comme celle de Molière, la fait arpenter les cabines de studio tout comme les planches des théâtres, où elle dispense sa bonne humeur et sa gentillesse. Rencontre.

INTERVIEW

Bonjour Emma, quel a été ton premier rapport à l’audiovisuel, la chose qui t’a marqué étant jeune ?

Alors il y a eu plusieurs choses, j’ai remarqué que j’avais une vraie sensibilité par rapport au son et plus particulièrement, aux bruitages que les comédiens font durant une scène (les craquements de plancher, les choses comme ça qui sont des bruits spécifiques au théâtre), les concerts et la musique bien sûr et évidemment les dessins animés. J’étais une fan absolue de Tom Sawyer par exemple, où le doublage était particulier et aussi le Muppet Show qui sont « voice-overisé », très mal d’ailleurs car rien n’est calé, mais où on entend que les comédiens s’amusent follement. Il y a aussi le doublage de Roger Carel dans Hercule Poirot, car il faut savoir que je n’écoute jamais de doublage dans les productions anglo-saxonnes, mais là je trouve que c’est mieux qu’en VO, je le trouve meilleur que David Suchet qui joue le rôle… Tout cela pour dire que j’ai eu très jeune une véritable sensibilité aux différentes voix.

Et depuis toute petite aussi j’adore chanter. Je suis extrêmement sensible au grain d’une voix qui sort de l’ordinaire, et grâce à cette sensibilité, je me suis rendue compte que j’aimais jouer avec ma propre voix, j’y prends beaucoup de plaisir. Il faut savoir que j’ai grandi dans un milieu artistique avec un père pianiste et une mère que je vois comme un écrivain qui n’a pas pu s’accomplir.

Tu sembles donc avoir plusieurs cordes à ton arc dans les métiers de la voix et/ou de la comédie, dans quels milieux as-tu travaillé ?

Le milieu de la voix-off bien entendu, que je trouve extrêmement bienveillant et intelligent, le théâtre, le doublage, un peu moins le cinéma… Et je différencie vraiment le monde du doublage de la voix-off par exemple.

Pour travailler ce n’est pas du tout la même démarche, il faut que tu rentres dans les petits papiers d’un directeur de plateau, qui éventuellement te fera passer des essais un jour, qui te laissera peut-être faire des ambiances un jour, dans le but d’avoir éventuellement un petit rôle un jour… Enfin bon c’est très long et je le vois un peu comme un travail de courtisan. Je ne dénigre absolument pas cette technique et ce savoir faire mais que la méthode pour y arriver est totalement différente de la voix off.

Alors comment es-tu rentrée dans ce milieu ?

Ça a été très long !! (rires) Au début je me destinais à des études de droit international, j’ai fais un bi DEUG droit anglais. J’ai réalisé au bout de trois mois que le droit ça n’était pas du tout fait pour moi !! Après j’ai fait des études d’anglais, j’ai commencé à faire du théâtre, au Cours Florent et du chant, à l’Ecole Normale Supérieure de Musique de Paris et j’ignorais tout du monde de la voix-off.

J’ai commencé ma carrière en tant que comédienne de théâtre et un jour, un pote m’a introduite sur un projet avec le musée du parfum à Grace, où j’ai fait la traduction puis l’enregistrement en anglais. J’avais beaucoup aimé mais je ne connaissais pas grand chose donc je suis retournée faire du théâtre et ce n’est que bien plus tard que j’ai fait un stage en 2010 avec les Coachs Associés à Asnières. Un stage formidable !! Chaque jour était consacré à un format avec un intervenant différent et John Bérébi qui dirige ce stage m’a expliqué que j’avais de l’or dans la voix, que j’étais dans une niche et qu’il fallait que je travaille là dedans. D’après lui, ma voix était relativement souple, pas désagréable. Donc on a pu chaque jour passer au micro et le dernier jour, on a fait une mise en situation dans les locaux d’Europe 1 pour une pub. Une formation très intelligente, très humaine, dirigée par un excellent formateur, une révélation pour moi !! Je suis sortie de là en me disant que c’était ça que je voulais faire. J’ai fait une démo que j’ai mise sur un site professionnel et de fil en aiguille, au bout de quelques années, j’arrive à en vivre correctement.

Ah oui !! Quelques années ?

Au début c’est trois, quatre cachets par an ! Alors que je suis dans une niche en tant que voix bilingue avec accent UK et US !! Mais j’ai rencontré un milieu qui me plaisait et qui me permettait de sortir de la galère à moyen terme. Et le temps me donne raison car ce métier est fait de polyvalence et de rencontres.

Et dans la voix off tu as aujourd’hui touché un peu à tout ?

Du film institutionnel, de la pub, de l’audio guide, du e-learning, du documentaire, du jeux vidéo… Ce que je fais le plus c’est de l’institut dans les deux langues, des films pour des séminaires ou de la com interne aux entreprises… Et parallèlement je fais aussi beaucoup de théâtre en entreprise.

Je ne connais pas du tout, c’est quoi ?

Alors c’est très spécifique. Soit on joue une pièce écrite spécifiquement pour un événement, souvent en anglais, soit on joue une pièce sur une thématique, souvent sur les risques psycho-sociaux et c’est suivi d’un débat où les comédiens deviennent des facilitateurs qui arbitrent l’audience. C’est une partie de ma vie professionnelle que j’aime beaucoup car elle m’a permis de découvrir le monde de l’entreprise. En tant que comédien, qu’on le veuille ou non, on est un peu déconnecté d’une certaine réalité, même si le quotidien est souvent lié à une forme de galère au final, on est un peu dans le rêve. En tout cas, j’ai beaucoup aimé découvrir ce monde. Pour moi, c’est quelque chose de très concret.

Sinon des projets, des envies ?

Actuellement je suis dans une certaine zone de confort professionnel qui me permet de vivre pleinement ma passion pour la voix off et à côté de continuer de faire grandir ma compagnie de théâtre créée il y a dix ans, spécialisée dans le jeune public. On a occupé le Point Virgule pendant quatre ans, on a joué au théâtre Michel où nous avons tenu le créneau jeune publique pendant deux ans… C’est ma troupe !! Donc ma principale envie c’est de faire vivre ces deux choses en priorité, après, pourquoi pas tenter l’aventure Londonienne en prenant un agent là-bas pour quelque projets…

Et une anecdote ou une expérience particulière ?

L’enregistrement en binaurale !!! Je trouve cela fabuleux pour un comédien, car tu peux lier l’espace et le mouvement au son et à la voix. C’est quelque chose qui est tout nouveau et que je trouve fascinant !!

Merci Emma

Merci à Sonacom pour votre bienveillance et votre gentillesse !!