Dorothée

Pousséo

J’ai pas vraiment une voix de jeune princesse, ou alors un peu folle !!

Dorothée Pousséo est née en 1979 et était déjà comédienne à la naissance !! Dorothée a de l’expérience, c’est sûr, mais c’est surtout une vraie nature ! Ça dépote !
Cash, lumineuse, une énergie de dingue, une capacité d’improvisation incroyable et juste. Les clients l’adorent. Elle est magique cette fille. Elle aime tellement ce qu’elle fait qu’elle transforme les prods en plaisir. Pour tout le monde.
Comédienne de doublage, de théâtre, voix off, voix off de pub, écriture, direction de plateau… Bref elle a de nombreuses cordes à son arc. Rencontre avec une perle rare.

INTERVIEW

Tu as une histoire peu banale non ?

Un peu peut être pour certains ! A 7 ans, mes parents travaillaient à Air France et étaient donc en voyage tout le temps. J'allais au cours de théâtre. Un jour, je vais à mon cours et la prof me dit qu'il n'y avait pas cours mais un casting pour les "grandes" de 12 à 15 ans… La prof essaie de joindre ma baby sitter mais n'y arrive pas. Et me voilà partie au casting avec ma prof. J'attends donc dans la salle d'attente avec ma prof, que les "grandes" passent leur casting, et le metteur en scène, Pierre Boutron, me demande si je veux essayer. Du coup j'ai passé le casting et ça a marché ! Comme pour beaucoup d'évènements dans mon parcours, c'est le hasard qui m'a guidé… Ensuite, j'ai réellement commencé à l'âge de 8 ans au théâtre avec Michel Bouquet dans "Le Malade Imaginaire". La pièce a cartonné, elle a été jouée pendant 2 ans, et un jour Claudio Ventura, un grand monsieur du doublage, m'a attendu à la sortie et m'a demandé « tu veux faire du doublage ? » Je lui ai dis que je ne savais pas ce que c'était mais que je voulais bien.
À 9 ans j'ai commencé à faire du doublage en tant qu'enfant, car il y avait beaucoup d'adultes qui faisaient les voix d'enfants et très peu d'enfants comédiens. C’est donc le théâtre qui m’a amené à faire du doublage.
Après, c'est un parcours plus facile étant donné que nous n'étions que quatre enfants comédiens, donc quatre à se partager les rôles. On a le temps de se faire une place et de progresser. Ca m'a permis d'avoir une belle expérience et une forme d'agilité ou de dextérité, et du coup de faire partie des gens qu'on appelle plus souvent…

Tu t'es retrouvée à travailler en doublage avec les plus grandes voix du métier ! C’est comme ça que tu es arrivée à la voix off pub ?

Vers 12, 13 ans on m'a demandé pour des voix off pubs: Une de mes premières pub a été celle pour Mc Donald's avec un refrain chanté. Puis j'ai fait plus souvent des pubs en référence à des rôles de doublage que je faisais. Par exemple, j'ai longtemps fait les jumelles Holsen, et Mattel a fait appel à moi pour plusieurs voix off pub parce que ma voix était référente pour les pré-ados. Mais cela restait assez occasionnel.
Globalement c'est le doublage qui nous fait faire de la pub et encore plus aujourd'hui parce que les agences veulent de moins en moins des voix typiquement pub et préfèrent des comédiens. Les agences aiment bien aussi les voix connues et parallèlement les pubs deviennent de plus en plus des sketches. Du coup on peut presque apparenter ça à des programmes courts avec du jeu, des ruptures comiques etc.… Donc c'est par le doublage que j'ai été amenée à faire de la pub. Parce qu’en pub je joue un peu comme pour le doublage !

Parle nous un peu des rôles qui te sont proposés en voix ou en comédie et de tes préférences.

Ma signature vocale me permet de faire des choses très différentes. Je passe de la mère de famille de 45 ans qui maltraite ses enfants et se drogue dans "Beautiful", à la petite fille de dix ans complètement hystérique dans "Les Mondes de Ralph", un des derniers Disney. Donc ça va de la mère de famille, au petit garçon, à la petite fille, à la jeune fille, l'adolescente, à la méchante, à la gentille. En revanche, avec ma signature, je suis un peu cataloguée dans les rôles de fille soit à problèmes, soit les méchantes mais assez rarement à la jeune première. J'ai pas vraiment une voix de jeune princesse, ou alors un peu folle !!
J'accède à des rôles avec la voix que je n'aurai jamais eu au théâtre: je suis blonde aux yeux bleus et pour les tournages je postule plutôt pour la bonne copine ou même la débile. Enfin c'est plutôt ces rôles dans lesquels on s'attend à me voir. Mais j'ai globalement plus le tempérament de ma voix que celui de mon physique. Donc je m'épanouie plus dans ce qu'on me propose en voix qu'en tant qu'actrice. Et souvent, on se souvient de moi plus pour mes rôles de fofolles et c'est encore la case qui me convient le mieux.
Après, je suis quelqu'un de très active et touche à tout: je fais du doublage, de la pub, de l'animation radio, de l'animation télé, du théâtre, de l'écriture de programme court, je démarche actuellement pour mon premier long métrage, j'ai même tourné en motion capture… Et le fait de ne pas être une "fille de" m'a aussi permis de très vite comprendre que le talent ne fait pas tout et qu'il faut bosser, qu'il faut démarcher et que même avec l'expérience de 12 ans de cours de théâtre il fallait peut être aussi apprendre la musique ou même la danse, bref être polyvalente… Sinon, ma vrai préférence c'est de pouvoir changer ! La diversité c'est mon moteur principal. J'adore venir chez vous à la SONACOM faire une pub Playmobil, puis après j'adore doubler une série comme Borgen, une série politique danoise, comme après j'adore enregistrer le dernier Disney. Je n'ai pas de réelle préférence, j'aime que la routine n'existe pas, c'est d'ailleurs pour ça que je fais ce métier.

Tu nous parles de polyvalence, as-tu des projets dans les cartons ?

Rien que je ne puisse réellement annoncer mais je reprends une pièce avec Smaïn, donc avec les journées de doublage ça fera de belle journée!!! J'ai aussi monté ma boite de prod avec, en perspective, la volonté de produire autant dans la musique que dans l'image. Mais c'est vrai que c'est l'écriture qui m'attire de plus en plus, écrire pour la télé ou même pour le cinéma…

Et ta collaboration avec nous ?

Alors ça fait hyper longtemps, mais je ne me souviens plus du premier projet que j'ai fait ici… (C’était des enregistrements pour NRJ Mobile, nous on s’en rappelle !) En tout cas, vous êtes une boîte très fidèle, et c'est surtout la boite qui m'a proposé le plus de choses différentes à faire, de la voix off pub pour enfant, à la voix off pub pour ado, du service téléphonique super sérieux aux messages de répondeurs complètement barrés…

Parle-nous de ta vision du métier.

Ce qui me marque le plus c'est qu'il faut être capable d'une performance immédiate: bien souvent on ne sait pas sur quoi on va travailler. On sait que c'est une pub mais on connaît rarement le produit et encore moins l'ambiance du spot. C'est pareil pour le doublage, les acteurs lisent le scénario pendant des mois, ont des répétitions, bref ils savent pourquoi ils sont là et comment ça se place dans la trame narrative du film. Nous, doubleurs, on reçoit souvent le texte le jour même de l'enregistrement. On enregistre les scènes souvent dans le désordre, d'où le rôle important du directeur de plateau qui est là pour nous guider. Et puis il faut que ça avance ! Donc, il faut tout de suite être dedans. Du coup que ce soit pour une pub ou un long métrage, il faut tout de suite avoir le bon ton et c'est vrai que l'expérience du doublage m'aide beaucoup pour la voix off pub.

Une anecdote de séance pour conclure ?

Je me souviens d'une séance avec 4 ou 5 clients, chacun voulant avoir son mot à dire, et moi… je ne voyais absolument pas ce qu'ils voulaient. Donc je me suis mise à proposer plein de trucs différents. Alors un premier me dit : « c'est exactement ça ».
Puis un autre : « ah non ce n'est absolument pas ça ! », bref quatre personnes qui disent tout et leur contraire. Puis à un moment ils se sont mis à me donner des indications sous forme de couleur : « Ce que tu nous as fait c'est orange, tu vois… Fais-nous quelque chose de violet ! ». Alors là bien sûr, grand moment de solitude, et je ne faisais pas beaucoup de voix off pub à l'époque, donc j'étais dans le doute : était-ce un terme que je ne connaissais pas ? Un code de la pub ? Bref, je n'osais rien dire. Depuis, c'est même resté dans le métier : « fais une voix bleue s'il te plait ! ». La blague. Bon je vous embrasse, j’suis speed.