Céline

Monsarrat

Pretty Voice

Céline Monsarrat est une figure du doublage. On ne voit pas souvent son visage. En revanche, sa voix, tout le monde la connait. Si, si ! Il lui suffit de dire bonjour, en entrant dans une boulangerie et tout le monde se retourne en entendant la voix française, ô combien reconnaissable de Julia Roberts que Céline a doublé dans pratiquement tout ses films, depuis que la star est star.
C’est toujours un vrai plaisir de travailler avec Céline. Tout paraît simple. Elle est, comme ses camarades de jeu et collègues, du même calibre, une comédienne qu’il suffit de poser devant un micro pour que tout fonctionne: la voix, le jeu, l’intention, tout y est (rien à ajouter).

INTERVIEW

Bonjour Céline, tu viens d’où professionnellement ?

Et bien j’ai commencé par un conservatoire à Toulon, puis je suis arrivé à Paris ou je me suis inscrit dans un cours de théâtre, le Cours Fontan. J’ai joué très vite parce que j’avais beaucoup de copains dans ce cours et ça m’a permis de jouer beaucoup de classiques. J’ai fait mes armes comme ça pendant 5 ou 6 ans. Ensuite, comme l’une de mes tantes avait une boîte de distribution de films, elle faisait elle-même du doublage, alors je m’y suis essayée et je suis vite tombé dedans.

Tu as commencé directement par des films importants ?

Ah, non ! J’ai commencé par des films chinois, des films de seconde zone, et même moins que ça. Mais quand on en fait beaucoup c’est une bonne école. Et à force d’en faire, on chope vite la technique. ensuite j’ai été appelée sur des films et des séries plus intéressantes.

A part le doublage et le théâtre tu fais d’autres choses : Radio, voix-off ?

La radio, j’aime beaucoup ça, mais malheureusement, je n’ai pas souvent l’occasion d’en faire. J’en ai fait l’an dernier pour France-Culture. Il s’agissait d’une émission qui s’intitulait « les chemins de la connaissance », avec des textes philosophiques impossibles. Il faut les lire 10 fois avant de comprendre ce que tu dis, mais c’était un bon exercice. Sinon, j’écris beaucoup pour le théâtre, je produis des pièces. On a même eu un projet avec Emmanuel Curtil et Dorothée Pousséo, pour une pièce que j’avais écrite, avec Emmanuel au piano. On n’a pas joué beaucoup mais c’était une belle aventure.

Ce que tu aimes faire le plus ?

Le théâtre, sans hésiter, c’est vraiment pour ça que je fais ce métier, même si j’aime bien le reste : le doublage, les voix-off, la radio…Le doublage et la pub m’ont permis de rencontrer des gens formidables et en plus je m’y éclate vraiment car ça reste de la comédie et c’est bien ça le plus important. Cependant, le théâtre reste, pour moi, la base de ce métier et c’est vraiment ce que j’aime faire.

Ta voix « identifiable » t’a-t-elle apporté d’autres choses que le doublage ?

Et bien oui : La Pub. Je peux le dire « Julia Roberts » m’a apporté de pouvoir enregistrer des pubs. En fait, avant « Pretty Woman » je ne faisais que très rarement de la pub. Et là, tout d’un coup les producteurs commencent à aimer les voix de doublage. Il y a quelques années les voix de doublage faisaient les films et les séries, et d’autres comédiens faisaient les pubs, les docus, les voix-off. Mais maintenant c’est plus mélangé.

Le fait de doubler Julia Roberts a-t’il été un inconvénient ?

Et bien oui ! C’est le gros revers à la médaille. Je reconnais que ça m’a apporté des choses mais ça m’a également fermé pas mal de portes. Il m’est même arrivé de faire des essais pour un film, d’être sélectionnée, et juste avant le choix ultime qu’on me dise «ah, ben non ! Car vous êtes la voix de…» alors qu’ils le savaient auparavant mais enfin...

Cette voix si particulière et si reconnaissable, qu’est la tienne, suscite-t-elle des réactions ?

Pas plus tard que tout à l’heure dans un magasin de chaussures figure-toi ! Mais je dois dire que ça ne me gène pas du tout car cette comédienne (Julia Roberts: ndlr), a un énorme capital sympathie, auprès de tout le monde d’ailleurs. Les hommes comme les femmes, jeunes ou vieux. J’ai donc, toujours droit à des mots gentils.

Et ça ne t’énerve pas qu’on ramène souvent elle, tout ce que tu fais ?

Je n’ai aucune « aigreur » par rapport à ça, car je trouve déjà que c’est une chance incroyable de vivre du métier que j’ai choisi. Et je suis consciente que ça peut s’arrêter du jour au lendemain. Si on me choisit pour une pub, parce que je suis la voix d’une telle ou une telle, c’est que ma voix leur plait. Donc je ne peux pas me plaindre de ça, c’est plutôt un avantage.

En dehors de la comédie pure, tu fais des voix-off, habillage radio ou autre ?

J’ai fait des voix-off pour Radio Alouette il y a bien longtemps maintenant. J’ai fait, avec Patrick Poivey, des voix-off pour « Rires et chansons » et également pour une radio en Suisse, à Lausanne. Et depuis pas très longtemps, je fais des voix-off pour des documentaires et ça tombe bien car je suis très amatrice de ce genre de programme.

Un souvenir particulièrement sympa dans ta carrière ?

Je n’en ai pas un, mais des tas. Les séances de doublage avec Dominique Paturel, Jacques Thébault, Jacques Deschamps, Roger Carel, Patrick Poivey, avec Richard Darbois quand on à fait « Pretty woman », qui était le premier grand film de Julia Roberts. Il y a plein de doublage avec lesquels j’ai pris beaucoup de plaisir. Quand on a une bonne entente avec les autres comédiens on échange des trucs, on joue !

Tu te souviens de ta première collaboration avec Sonacom 

Je ne m’en souviens pas vraiment, mais c’est certainement pour une pub ou une voix-off et c’était il n'y a pas si longtemps que ça, par rapport à d’autre comédiens qui viennent depuis longtemps chez Sonacom. Parce que de la pub, je n’en faisais pas beaucoup il y a quelques années. Ce n’est que depuis peu que les voix de doublage sont à la mode dans des productions autres que des films ou téléfilms. C’est ce qui nous a permis de travailler ensemble d’ailleurs, c'est une bonne chose.

As tu déjà eu des périodes compliquées. Pas assez de travail, par exemple ?

Ah oui ! Ce n’est pas toujours facile. Même si je suis plutôt d’une nature optimiste, il y a eu des moments creux. Je me souviens en 94, après la grande grève des comédiens de doublages. Pendant 4 ans ça a été très difficile, parce que j’avais été, comme d’autres, « black-listée ». Donc, pour travailler c’était devenu quasi-impossible dans certains studios. Mais bon, c’est aussi grâce à ça que les comédiens de doublage ont des droits.