INTERVIEW
Aujourd’hui ta voix fait partie de la vie de millions de français dans le monde entier, pour autant on te connaît peu, parle-nous de tes débuts.
Disons tout d’abord que l’origine de mon histoire a beaucoup influencé qui je suis devenu.
Je suis né à Beyrouth au Liban en 1971 et quatre ans plus tard la guerre éclatait.
J’étais tout petit et j’ai donc dû apprendre à grandir dans ce contexte difficile. J’allais à l’école francophone et je baignais dans la langue et la culture françaises à travers le média radio qu’était RFI, et que nous écoutions à la maison sur les grandes ondes.
À quatorze ans, passionné de radio, je créais une petite station amateur dans ma chambre, sans doute comme une échappatoire aux bombes… Ça s’appelait ‘La radio de la paix’ et on émettait juste dans le quartier mais c’était sympa, je m’exprimais dans le micro et je divertissais les gens, ça leur faisait du bien.
L’univers de la voix me fascinait tellement ! Je voulais reproduire tout ce que j’entendais ; que ce soit à la radio (je connaissais la grille de RFI par coeur) ou à la télévision lorsque je regardais les films en version originale sous-titrée. C’est aussi cet appétit ‘sonore’ qui m’a permis de devenir trilingue français, arabe et anglais.
À 16 ans j’ai été casté et recruté comme animateur par une petite radio locale, puis rapidement par une seconde, puis par une troisième qui s’appelait Magic 102 et qui me confiait carrément les matinales, et ce l’année du Bac : Sacré challenge pour rester un bon élève ! Mais contrairement aux autres, j’étais sûr de ce que je voulais faire comme métier et je savais déjà bien le faire.
Les évènements liés à la guerre m’ont poussé à quitter précipitamment le Liban pour Paris, où j’ai eu la chance de rencontrer Mme Jacqueline Joubert à Antenne 2, qui a détecté en moi une graine de « speaker ». Elle m’a fait travailler l’élocution et l’articulation devant la caméra, grâce aux fables de La Fontaine. Mais cette même année, les speakerines ont été remplacées par les bandes-annonces, et je me suis donc naturellement tourné vers ce secteur. J’ai pu passer un essai chez RFI en 1992, et à vingt ans, mon rêve est devenu réalité : je devenais l’une des voix de l’antenne.
Bref, on peut dire que la radio m’a bercé et m’a formé.