Adeline

Chetail

Derrière un micro, il faut savoir surmonter les obstacles

Adeline Chetail fait partie d’une nouvelle génération de voix off, qui cultive à la fois professionnalisme, éclectisme, et optimisme. Pétillante et expérimentée, elle est toujours partante pour de nouvelles aventures devant un micro car les studios d’enregistrement et les plateaux de doublage sont ses ‘terrains de jeu’ depuis toute petite.
Nous vous invitons à découvrir cette jeune femme pleine de talent et de bonnes ondes.

INTERVIEW

Comment ton histoire de comédienne voix off a commencé ? On veut tout savoir !

Disons que j’ai un parcours atypique, je viens d’une famille d’artistes, ma mère est artiste peintre et mon père est musicien, troubadour et conteur pour enfant. À six ans, j’avais déjà un univers intérieur très riche et mon père m’a fait monter sur scène pour ‘Le voyage fantastique de Monsieur Kropp’ un de ses spectacles qui a beaucoup tourné à Paris et dans le sud de la France. J’ai donc été face à un public toute jeune, avec l’exigence et la conscience professionnelle que cela implique. D’ailleurs je n’ai pas été scolarisée, j’ai suivi des cours par correspondance et autant dire que ça t’apprend à être rigoureux si tu veux que ça marche.
En dehors de la scène, j’ai fait des tournages, de l’animation télé et mes premières voix de doublage en 1992 pour Bambi, et avec du recul je pense vraiment que c’est derrière un micro que je me sentais le plus à l’aise et à ma place : Je pouvais me mettre dans la peau de nombreux personnages et c’est ce qui me plaisait le plus.

Parles-nous un peu plus de ton travail de comédienne voix dans le doublage.

C’est une grande partie de mon activité et je me sens à l’aise sur les plateaux de doublage car je pratique l’exercice depuis longtemps sur différents formats (Téléfilms, séries, films…). Je double de nombreuses actrices dont Molly Quinn, et surtout Vanessa Hudgens depuis ses débuts dans High School Musical (Disney).
Récemment elle a eu des rôles plus complexes dans ‘Gimme Shelter’ où elle est une jeune adolescente de 16 ans qui se lance à la recherche de son père qu’elle n’a jamais vu, et dans ‘Suspect’, où elle incarne une jeune prostituée qui tente d’échapper à un tueur en série: Des rôles difficiles mais que j’adore doubler car ce sont de belles opportunités.
La chance m’a souri lorsque j’ai été prise pour doubler les voix des quatre personnages principaux des films d’animation japonais du studio Ghibli : Kiki la petite sorcière, Nausicaä de la vallée du vent , Arrietty, le petit monde des chapardeurs, et plus récemment Souvenirs de Marnie. Pour Nausicaä, je suis littéralement tombé amoureuse du personnage, et il fallait absolument que je sois retenue ! Finalement c’est Hayao Miyazaki le réalisateur qui m’a choisi personnellement sur ce casting voix, j’étais très heureuse et j’ai adoré travailler sur ce film.

Tu as dû grandir vite dans cet univers d’adulte ?

Comme je savais ce que je voulais faire dans la vie, et que je le faisais déjà, je n’avais pas les mêmes préoccupations que les jeunes de mon âge. C’est pour cela que j’ai choisi de quitter la Bourgogne et de m’installer à Paris : À seize ans j’étais indépendante et effectivement j’étais entourée d’adultes, certains que je connaissais depuis mon enfance, d’autres que j’ai rencontré dans le milieu de la pub.

Puisque tu l’évoques, comment as-tu commencé à faire des voix off pub ?

J’ai eu la chance de commencer à faire des voix off pub à une époque où il n’y avait pas encore beaucoup de monde et dans de bonnes conditions.
Au départ comme j’étais petite j’étais assez spontanée et c’est ce qui plaisait : On me demandait surtout de faire des voix off pour des jouets (Barbie / Mattel, My Little Pony / Hasbro…) et avec le temps je me suis adaptée à la direction artistique des projets. C’est un exercice assez différent du doublage, on est sur des phrases courtes auxquelles il faut donner la meilleure intention possible, tout en gardant à l’esprit qu’on doit être force de proposition pour convaincre plusieurs personnes. Il faut savoir transformer son stress en capacité d’écoute et de concentration et quoiqu’il en soit, il faut surmonter les obstacles pour que la voix off soit crédible. Si on prend le cas des messages de répondeur personnalisés que j’enregistre chez Sonacom, le rôle de l’ingénieur du son est important aussi, car il connaît bien l'exercice et me fait travailler dans ce sens.
Beaucoup de marques me confient leurs voix off dont Nintendo DSi, Orange, Ford, Ikea, Febrèze ou encore Neutrogena dont l’égérie est Vanessa Hudgens, qui me porte chance on dirait !

Il paraît que tu a d’autres cordes à ton arc devant un micro ? raconte-nous.

Effectivement, je fais du voice-over pour des documentaires et des émissions de télé-réalité étrangères comme ‘The Amazing Race’ et ‘Next’ et également des voix pour des jeux video comme Kinectimals Joue avec les ours, Resident Evil Operation Raccoon City, The Elder Scrolls V Skyrim, Call of Duty Black Ops II ou encore The Last of Us qui a été un gros carton et dans lequel j’ai joué Ellie, l’héroïne. Là, c’est encore un autre exercice, c’est physique et intense au niveau des émotions et comme tout est très découpé il faut impérativement une très bonne direction artistique pour bien nous guider. D’ailleurs, sur The Last of Us je reçois beaucoup de messages de joueurs qui habituellement préfèrent jouer en V.O et qui me disent que la V.F du jeu est top, que demander de plus ?

Une anecdote de séance à nous faire partager ?

Oui ! J’avais dix ans et je faisais une séance de pub pour Dop. Je n’avais qu’un mot à dire : Dop.
Je l’ai fait des dizaines et des dizaines de fois, au bout de 70 prises plus personne ne savais si c’était bien ou pas ! Alors je leur ai dit derrière ma vitre avec ma petite voix ‘Attendez, attendez ! Je vais vous proposer quelque chose et je suis sûr que vous allez aimer.. on y va ? DOP !’
Et tout le monde a aimé, c’était LA bonne intention, il fallait simplement prendre les devants.

Que peut-on te souhaiter à part une longue et belle route ?

Je sens que le micro fait partie de mon avenir quelque soient les exercices, mais je compte bien améliorer mon écoute des versions originales avec un meilleur anglais, et améliorer mon chant aussi. J’espère que l’expérience fera le reste, car j’ai encore beaucoup de choses à apprendre dans ce métier, après tout je n’en suis qu’au début de ma carrière.